Chaire genre
L’Institut du Genre a mis en place une chaire « Genre » qui prévoit l’accueil, pour une durée d’un mois, de deux chercheurs·ses titulaires d’un doctorat, en poste dans une université ou un organisme de recherches étranger. Ce dispositif offre aux titulaires la possibilité de participer à l’enseignement et à la recherche des établissements partenaires de l’Institut du Genre.
Titulaires 2024
Clare Hemmings
Clare Hemmings est accueillie dans le cadre de la Chaire par l’Université Paris 8 du 1er octobre au 1er novembre 2024. Elle interviendra dans le cadre des « Jeudis du Genre » le 14 octobre 2024.
Clare Hemmings est professeure de théorie féministe au Département d’études de genre à la London School of Economics (LSE), où elle travaille depuis 1999. Ses recherches se concentrent principalement sur les études féministes et queer, en particulier sur la relation entre ces deux domaines et leur institutionnalisation aux niveaux national et international. Hemmings s’intéresse profondément à la manière dont les récits sur l’histoire et la forme actuelle de ces champs sont construits et comment ils s’entrecroisent avec des agendas conservateurs. Son travail se distingue par une réflexion sur la relation entre nationalisme, féminisme et sexualité, et elle utilise de multiples méthodologies et formes pour explorer comment la connaissance est produite et utilisée. L’une de ses œuvres notables, Why Stories Matter: The Political Grammar of Feminist Theory (2011), explore les récits que les féministes créent sur le passé récent de la théorie féministe, examinant leur importance et leur potentiel de transformation. Ce livre a remporté le prix du livre de la Feminist and Women’s Studies Association (FWSA) en 2012. Une autre de ses publications importantes s’intitule Considering Emma Goldman: Feminist Politics of Ambivalence and the Historical Imagination, qui examine la pertinence de la vie et de l’œuvre de l’activiste anarchiste Emma Goldman pour la théorie et la politique féministes contemporaines.
Hemmings est récemment impliquée dans un projet intitulé « Inheritance: a Memory Archive », qui recueille des histoires familiales et aborde les questions de genre, de sexualité, de transition de classe et de nation. Ce projet, qui combine fiction et mémoires, met en avant des moments dans la dynamique familiale qui remettent en question ce que nous pensons savoir sur les rôles de genre, la sexualité et la citoyenneté. Elle est également active dans l’écriture contre les mobilisations « anti-genre », souvent dans le cadre du réseau « Transnational ‘Anti-Gender’ Movements and Resistance », en collaboration avec Sumi Madhok. Des articles issus de ce travail ont été publiés dans Radical Philosophy et Feminist Studies. Clare commence maintenant un nouveau projet intitulé « Feminist Knowledge Struggles: Telling Stories Differently », où elle propose des méthodologies traduisibles pour divers projets queer féministes. Prolongeant son travail antérieur sur la « récitation », Clare utilise cette approche pour intervenir dans les certitudes catégorielles et politiques de l’époque actuelle. Elle développe des concepts tels que la « dissonance affective » pour proposer des cadres épistémologiques universels et les « fictions empiriques » pour raconter des histoires contestées de sexualité, de genre et de blanchité en transition de classe, tout en lisant avec et à travers le deuil face aux différences intransigeantes qui nous captivent autrement.
Le projet sur lequel je travaille est interdisciplinaire, féministe et queer. Je souhaite revisiter les théories féministes radicales et matérialistes, des années 1970 à aujourd’hui, pour proposer une compréhension différente de l’histoire du « sexe » par rapport à celle plus couramment avancée dans les récits transphobes ou plus généralement anti-genre. Ces récits ont tendance à promouvoir leurs idéologies transphobes et anti-genre en invoquant des conceptions du “sexe” comme quelque chose de naturel et immuable, et en affirmant qu’aujourd’hui le féminisme queer est « allé trop loin » dans sa déconstruction de la différence sexuelle ou dans son acceptation des subjectivités et des communautés trans*. Or ces conceptions essentialisantes du « sexe » sont liées à des conceptions racistes, xénophobes et nationalistes. Mon projet revisite les théories radicales et matérialistes pour montrer que leurs propositions sur le « sexe » ne peuvent être réduites à ces représentations simplistes, et propose une forme d’intervention citationnelle (ce que j’ai appelé « récitation ») pour raconter une histoire différente du « sexe ». À la place de ces récits, je cherche à raconter une histoire de « sexe » qui affirme la question de pouvoir plutôt que d’origines, et qui concerne la violence sexuelle, l’imposition coloniale, et la reproduction sociale. En examinant de plus près les différentes façons dont la violence et l’oppression ont été théorisées comme productrices de « sexe », le projet cherche à élaborer une nouvelle façon de raconter l’histoire de la théorie féministe : une approche qui peut défier les arguments anti-genre tout en restant fidèle à la critique des rapports de pouvoir qui a toujours été centrale pour le projet global féministe et queer. Je profiterai de ce séjour à l’Institut du genre (a Paris 8/Nanterre) en particulier pour revisiter les théories matérialistes françaises.
Claudine Mangen
Claudine Mangen est accueillie dans le cadre de la Chaire par l’Université de Lorraine du 16 octobre au 16 novembre 2024. Elle interviendra dans le cadre des « Jeudis du Genre » le 16 octobre 2024.
Les recherches de Claudine Mangen portent sur la gouvernance organisationnelle et les inégalités de genre.. Elle s’intéresse au fonctionnement des organisations et à la façon dont elles façonnent les inégalités, en particulier les inégalités de genre.. Elle étudie actuellement les façons dont la gouvernance organisationnelle contribue à maintenir et à perturber les inégalités de genre. Ses travaux ont été publiés dans des revues scientifiques de premier plan, notamment le Journal of Accounting & Economics, le Journal of Accounting Research, Critical Perspectives on Accounting, European Accounting Review, Contemporary Accounting Research et Human Relations. Ses recherches sont financées par le Conseil de Recherches en Sciences Humaines (CRSH) du Canada. Elle présente régulièrement ses travaux lors de conférences et d’ateliers universitaires, tient un blogue à ce sujet et les partage dans les médias, notamment dans La Conversation. Claudine Mangen est la chercheuse principale du programme de recherche « Disruptive Dames? The process of disruption under women’s transition into organization leadership », financé par le CRSH. Elle explore le processus sous-jacent à la perturbation des inégalités de genre dans la direction des organisations à but lucratif au Canada. À Concordia, la Dre Mangen est professeure titulaire et Professeure RBC en Organisations Responsables. Au cours de sa carrière, elle a enseigné la divulgation des organisations (ir)responsables au doctorat, la finance d’entreprise en MBA, la théorie comptable au premier cycle. La Dre Mangen a obtenu un doctorat en administration des affaires de l’Université de Rochester aux États-Unis et une maîtrise en finance de l’Université de Lausanne en Suisse. Vous pouvez retrouver le Dr Mangen sur son blog professionnel et sur LinkedIn.
Dans le cadre la Chaire Genre, j’avance dans la rédaction d’un ouvrage sur le mérite et les inégalités hommes-femmes. L’ouvrage, dont le titre provisoire est « Le Genre du Mérite », explique comment le mérite est genré. Le mérite fait référence à la manière dont les personnes sont récompensées en fonction de leurs efforts et compétences. Dans les entreprises, le mérite est mis en œuvre à travers des pratiques telles que l’embauche, l’évaluation des performances et la promotion. Mon ouvrage montre à quel point les pratiques du mérite sont genrées : elles sont mises en œuvre différemment pour les femmes et les hommes, désavantageant de nombreuses femmes tout en favorisant de nombreux hommes. Cet ouvrage permettra de mieux comprendre la façon genrée dont le mérite fonctionne et contribue ainsi aux inégalités hommes-femmes. Il utilise cette compréhension comme tremplin pour proposer des pistes de réflexion sur ce que nous pouvons faire pour atténuer, voire éliminer, le genre du mérite. Le fait que le mérite soit genré n’est généralement pas reconnu par les entreprises, les personnes politiques ou le grand public. L’ouvrage représente la première tentative d’analyser le lien entre mérite et inégalités hommes-femmes du point de vue des carrières individuelles dans le cadre d’un traitement de type livre. À ce jour, il n’existe aucun livre traitant de la façon dont le mérite est genré dans les sociétés canadiennes et occidentales contemporaines
APPEL CLOS
L’Institut du Genre lance un appel à candidatures pour sa chaire « Genre ». La candidature devra être transmise entre le 10 octobre 2023 et le 10 janvier 2024 à 12h à l’adresse suivante : sg-gis-idgenre@mshparisnord.fr avec l’indication explicite dans le titre du courriel « Chaire Genre – nom du ou de la demandeur·se ».
Ce programme prévoit l’accueil conjoint, par l’Institut du Genre et une de ses universités partenaires, d’un·e chercheur·se d’une université étrangère, pour une durée d’un mois. Ce dispositif offre au ou à la titulaire de la chaire la possibilité de participer ou de s’intégrer à l’enseignement et à la recherche des universités françaises partenaires de l’Institut et d’être associé·e aux activités scientifiques de l’Institut du Genre. La ou le titulaire de la chaire s’engage à assurer un programme d’actions spécifiques (conférences, séminaire, atelier, master-class, tutorat, etc.) dans l’un des établissements partenaires. Un·e chercheur·se sera accueilli·e entre le 1er avril et 15 juillet 2024, un·e autre entre le 1er septembre et le 15 décembre 2024.
Cet appel s’adresse exclusivement à des enseignant·es-chercheur·es et chercheur·es déjà titulaires d’un doctorat, et en poste dans une université ou un organisme de recherche étranger, ayant pour la durée de leur séjour en France un projet d’enseignement et/ou de recherches sur le genre et les sexualités. Toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont concernées. Les candidat·es devront maîtriser suffisamment le français pour participer aux activités scientifiques de l’Institut du Genre et de ses partenaires.
Tous·tes les titulaires
Karine Tinat – 2023
Karine Tinat est accueillie dans le cadre de la Chaire par l’Université Paris Nanterre du 16 octobre au 17 novembre 2023. Elle est enseignante-chercheuse au Centre d’Etudes sur le Genre du Colegio de Mexico. Elle travaille dans cette institution depuis 2007 et y a coordonné la chaire Simone de Beauvoir, le master en études de genre, le Programme interdisciplinaire d’études sur les femmes. Elle a fondé et dirigé la Revista interdisciplinaria de Estudios de Género et a été la directrice de deux centres de recherche. Parallèlement à ces activités institutionnelles, ses recherches en sociologie et études de genre s’intéressent à la construction du sujet à partir de ses rapports au corps et à la sexualité. Depuis quelques années, Tinat travaille sur les différents facteurs liés aux grossesses dans l’adolescence au Mexique. Auparavant et entre autres enquêtes de terrain, elle a réalisé plusieurs études sur l’anorexie et la féminité, la question de l’homosexualité masculine en milieu rural Mexicain. Elle est auteure et co-auteure de dix livres publiés par le Colegio de México : Mirar el mundo con lentes de género (2023) ; El sexo y el texto. Etnografías y sexualidad en América Latina (2022) ; Más allá del rescate de víctimas. Trabajo sexual y dispositivos anti-trata (2021) ; Las bocas útiles. Aproximaciones sociológias y antropológicas a la anorexia (2019); Sociología y género. Estudios en torno a performances, violencias y temporalidades (2017); Ficciones de género: artes, cuerpos y masculinidades (2016); Los pijos de Madrid. Reflexiones sobre la identidad y la cultura de un grupo de jóvenes (2014); Sexo y fe. Lecturas antropológicas entre prácticas religiosas y creencias sexuales (2014); La herencia Beauvoir (2011); Relaciones de género (2010). Entre autres collaborations avec la France, Karine Tinat a été professeure invitée à l’IHEAL Paris-Sorbonne nouvelle en 2023.
PROJET DE RECHERCHE. « Genre et grosses adolescentes au Mexique » :Les grossesses dans l’adolescence au Mexique représentent un phénomène multifactoriel et intersectionnel où se croisent des inégalités sociales, économiques et de genre ainsi que des trajectoires scolaires accidentées. Aussi, ces grossesses ne surgissent pas de la même façon dans les milieux urbains, ruraux et les communautés indigènes. En moyenne, naissent environ 1000 bébés de mères adolescentes (10-19 ans selon l’OMS), chaque jour au Mexique. Ces grossesses engendrent de nombreuses conséquences sur plusieurs plans comme la santé des mères et des enfants, l’éducation scolaire des adolescent.e.s ou encore l’économie aussi bien des familles concernées que celle du pays dans son ensemble. Ce projet de recherche s’inscrit dans une démarche sociologique et anthropologique, et adopte une perspective de genre. On s’intéresse particulièrement aux dimensions subjectives, familiales et sociales. Il s’agit également d’analyser comment la question du genre intervient dans ce phénomène en termes de construction socio-culturelle, de processus relationnel et hiérarchique et aussi de performance. La réflexion s’appuie sur un travail de terrain réalisé dans différents États du Mexique (Guerrero, État de Mexico, Morelos) au cours de ces cinq dernières années.
Patricia PORCHAT – 2022
Patricia Porchat est accueillie dans le cadre de la Chaire par l’Université Paris Cité. Patricia Porchat est psychologue clinicienne et psychanalyste, professeure à Université de l’État de São Paulo (UNESP) – Brésil, chercheuse au Centre d’études et recherches en psychanalyse (NEEPPSICA) de l’ UNESP, à la Clinique Psychanalytique pour adolescents trans et non-binaires du Département de Psychologie de l’UNESP et au Centre pour les droits humains et la santé de la population LGBT (NUDHES), de la Faculté des Sciences Médicales à São Paulo. Elle est directrice de thèses dans le Programme de Recherches en Éducation Sexuelle et dans le Programme de Recherches en Psychologie du Développement de l’UNESP. Elle est l’auteure des livres Freud et l’ épreuve de realité (Casa do Psicólogo/Fapesp, 2005), et Psychanalyse et transexualisme : déconstruire les genres et les pathologies avec Judith Butler (Juruá ,2014), et co-organisatrice de l’ouvrage Psychanalyse et genre : récits féministes et queer au Brésil et en Argentine (Calligraphie ,2018). Elle a déjà réalisé au Département d’Etudes Psychanalytiques (IHSS – Univeristé Paris Diderot) en 2019 un projet financé par la FAPESP intitulé «Identités non-binaires. Une approche psychanalytique avec perspectives féministes».
PROJET DE RECHERCHE : Les enjeux psychiques et sociaux de la prise en charge de certaines populations stigmatisées au Brésil et en France. Mon projet de recherche prendra en compte mon expérience comme psychologue clinicienne et psychanalyste auprès de personnes gays, lesbiennes, non-binaires, trans et intersexe à la clinique du Département de Psychologie de l’UNESP au Brésil depuis 2013. Il s’agira de développer une réflexion à la fois théorique et à visée pratique (formation de psychologues) autour de trois thèmes : 1) « Adolescents trans et non binaires : expériences de souffrance et de créativité » ; 2) « Interventions et recherches en psychanalyse auprès de travestis et de femmes transsexuelles séropositives en situation de vulnérabilité » ; 3) « La clinique psychanalytique face aux questions de race, de sexisme et de l’érotisation excessive du corps féminin » ; et de réfléchir ensemble à la question de la stigmatisation à travers une perspective intersectionnelle prenant en compte à la fois les thématiques traditionnellement abordées par la psychologie clinique et la psychanalyse (le développement des différents aspects de l’identité et de l’estime de soi, en lien avec la formation du Moi et son interaction avec l’altérité) et les marqueurs propres aux populations accueillies qui échappent souvent aux regards cliniques. C’est une recherche sur la vulnérabilité et la violence liées au genre, à la race, à la classe, à l’orientation sexuelle et aux maladies stigmatisées. Ce projet fait partie du projet Vulnérabilités et Violence du Programme Régional France – Amérique latine – Caribe (Prefalc) entre la France, le Brésil et Chili autour de la question de la prise en charge psychologique des personnes exposées aux différents types de violence de genre. Les différences entre les expériences françaises et brésiliennes seront mises au travail pour la création d’un matériel didactique (supports de cours et établissement de bibliographie) capable de répondre aux besoins des étudiantEs de psychologue des deux pays – avec l’inclusion du Chili dans un deuxième temps.
Camille ROBCIS – 2022
Camille Robcis est accueillie dans le cadre de la Chaire par l’École Universitaire de Recherche « Gender & Sexuality Studies » (EUR GSST, EHESS / Ined). Professeure (Professor) d’histoire intellectuelle à l’université de Columbia, à New York, ses recherches portent notamment sur les questions de genre et sexualité en histoire intellectuelle, culturelle, et politico-légale. Son premier livre, La loi de la parenté. La famille, les experts et la République (The Law of Kinship : Anthropology, Psychoanalysis, and the Family in France, Cornell University Press), examine comment lors des débats récents autour de la famille, plusieurs juristes et figures politiques en France ont eu recours aux concepts de l’anthropologie et de la psychanalyse structuraliste (et plus particulièrement, à la pensée de Claude Lévi-Strauss et Jacques Lacan) pour imposer une certaine conception de la famille. Son deuxième livre, Désaliénation : politique, philosophie, et psychiatrie radicale en France (Univ. of Chicago Press) retrace l’histoire de la psychothérapie institutionnelle, un mouvement né en France pendant la Deuxième Guerre mondiale, ancré dans le marxisme et la psychanalyse lacanienne, dont le but était de repenser les bases de la théorie et la pratique psychiatrique.
PROJET DE RECHERCHE : « La question du genre. Populisme, reproduction nationale et crise de la représentation ». Comment et pourquoi l’idée d’une « théorie du genre » s’est-elle répandue à travers le monde depuis les années 1990 ? Beaucoup plus invoquée qu’expliquée, la « théorie du genre » est souvent présentée par ses opposants à la fois comme l’origine et la conséquence inévitable de lois visant à promouvoir l’égalité des droits des femmes et des LGBT+. L’intervention sera centrée sur le cas des manifestations contre « le mariage pour tous » en France et plus particulièrement sur le problème de la représentation politique lors de ces débats.
Sara BORRILLO – 2021
Sara Borrillo est accueillie par l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Actuellement chargée de cours à l’Université Roma Tre où elle enseigne le Droit Islamique, elle est également chercheuse postdoctorale à l’Université Internationale de Rabat. Ses intérêts de recherche portent principalement sur l’histoire des mouvements des femmes, les politiques de genre et l’islam, les féminismes laïques et islamiques, les nouvelles autorités religieuses féminines, la pensée islamique contemporaine, l’artivisme et les transformations socio-politiques après les soulèvements de 2011 au Moyen Orient et en Afrique du Nord.
PROJET DE RECHERCHE : « Artivisme, genre et reconfiguration de l’activisme dans l’espace public au Maroc et en Tunisie après les soulèvements de 2010-2011 ». Ce projet vise à explorer l’impact sur la reconfiguration des relations, visibilités et droits de genre dans l’espace public des nouvelles formes d’activisme impliquant des pratiques créatives pour une nouvelle citoyenneté égalitaire en Afrique du Nord, après les soulèvements de 2010-2011. En particulier, la recherche vise à détecter et à réfléchir sur les dynamiques et le potentiel révolutionnaire de « l’artivisme » (l’activisme par l’art) produits dans le cadre de l’engagement social et politique des militants marocain-ne-s et tunisien-ne-s critiques envers de formes croisées d’inégalités et d’injustice. Dans un contexte de désenchantement et d’exclusion vécue après la répression qui a suivi le moment révolutionnaire, ce projet vise à observer comment et pour quelles raisons des reconfigurations des modes de contestations sont réalisées à travers la production d’une nouvelle « citoyenneté esthétique », qui consiste en des « actes de citoyenneté » réinventée, où la dissidence est affichée sous forme de performances fictives qui font irruption dans l’espace de la cité.
Cheryl TOMAN – 2021
Cheryl Toman est accueille dans le cadre de la Chaire par Aix-Marseille Université. Elle est spécialiste de littérature africaine francophone féminine et professeure titulaire de français à l’Université d’Alabama. Elle travaille actuellement sur une étude monographique sur les auteures maliennes après avoir publié deux livres, Women Writers of Gabon (2016) et Contemporary Matriarchies in Cameroonian Women’s Writing (2008). Elle s’est vu décerner deux fois la bourse Fulbright et en 2011, elle était en résidence de chercheuse à la Maison Dora Maar à Ménerbes en France pour son projet de livre sur les romancières gabonaises et a été nommée « Officier » de l’Ordre des Palmes Académiques en 2020.
PROJET DE RECHERCHE : « L’écriture féminine et le wassoulou au Mali : les voix de la lutte contre les violences à l’égard des femmes ». La sociologue Tanella Boni analyse la violence contre la femme africaine en identifiant les responsables multiples : le colonialisme, la tradition, l’homme, et parfois la femme elle-même (2008). Au Mali, l’écriture féminine et le genre musical connu sous le nom de wassoulou sont les outils que certaines Maliennes non-initiées utilisent pour s’exprimer contre les injustices qu’elles subissent. J’écris actuellement un livre qui est une étude comparée de la littérature féminine et du wassoulou au Mali. Je propose comme projet de recherches de travailler précisément sur ce livre et plus précisément sur un chapitre et des parties des chapitres qui se concentrent sur des textes et des paroles des chansons wassoulou qui entament le sujet des conflits politiques et des attentats au Mali. Ces textes dénoncent toutes les formes de violences faites aux femmes tout en soulignant que les hommes et les femmes vivent différemment un conflit et ses violences associées.