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Le numérique comme méthodes et terrains : perspectives féministes

June 2023
Conferences, workshops and debates

Colloque organisé les 29 et 30 juin 2023 en ligne et au Centre Internet et Société (CIS) sur le site Pouchet du CNRS (Paris).

L’ambition de ce colloque international est d’interroger la façon dont le numérique, à la fois instrument, méthode, terrain et objet de recherche (Bourdeloie, 2013), renouvelle non seulement les méthodes et méthodologies des sciences sociales (Millette et al., 2020) mais également ébranle le « système » du genre partant de l’idée que la science et les techniques qui la sous-tendent ne sont pas pures. Le calcul qui préside n’est pas neutre et les quantités de données massives collectées ne sauraient être gage d’objectivité (Venturini et al., 2014). Ainsi, les méthodologies utilisées ont des « conséquences politiques » (Proulx, 2020). Or, un « regard politique et épistémique » (Ibid.) sur les méthodes et méthodologies éclaire les conditions de production, de collecte et d’analyse des données, autrement dit sur le caractère « impur » et situé de la connaissance (Harding, 1991). Interroger les méthodes et méthodologies depuis un positionnement féministe, c’est donc prêter une attention particulière aux biais qui président à la production et à l’interprétation des données, c’est faire de ces biais des ressources heuristiques et épistémiques en vue de produire une recherche plus « objective » (Ibid.).


Le numérique, non plus comme méthode ou outil mais comme environnement cette fois, trouble les frontières du genre. L’informatique, et aujourd’hui l’intelligence artificielle, dénoncée comme « nouvelle ingénierie du pouvoir » (Crawford, 2021) sont imprégnées de biais de genre infusés dans le corps social. Du design aux usages, les normes de genre circulent dans les productions, les traces, les discours et les pratiques. Il s’agit ainsi d’interroger les nouveaux défis que posent la statistique et les données massives au genre et à l’observation de ce rapport social. Les défis se posent effectivement en matière de méthode puisque le numérique ouvre des possibles. À la suite de travaux sur l’épistémologie féministe (Haraway, 2007 ; Harding, 1991), l’objectif de ces journées consiste ainsi à se demander si la recherche féministe1 peut enrichir les méthodes numériques (Hesse-Biber, 2012), favoriser des démarches plus inclusives, échapper aux biais de genre auxquelles s’exposent les méthodologies classiques, se soustraire à la binarité des dispositifs techniques et d’enquête, faire de l’identification de ces biais une source de réflexivité, rendre visible les paroles issues de minorités de genre et sexuelles dans le traitement des données. Enfin, dans une perspective critique, il s’agit aussi de se demander si, en réponse à la concentration opérée par les géants de l’internet, d’autres formes alternatives d’organisation sont possibles (Dulong de Rosnay et Musiani, 2020).


L’inscription en ligne est à faire avant le 9 juin 2023. Le colloque est gratuit mais l’inscription est obligatoire en présentiel ou en visioconférence.