Critiquer au féminin au XIXe siècle
Journées d’études organisées à l’Université de Caen Normandie, les 21-22 octobre 2022 (Amphithéâtre de la MRSH, campus 1)
“Exiger dans vos œuvres les preuves de cette supériorité intellectuelle que vous affichez, cela peut être de la duperie, de la routine, de l’indiscrétion ; mais à coup sûr ce n’est pas de la méchanceté, et vos reproches ne nous intimideront pas.” La lecture de cette « Défense de la critique » établie par Alida de Savignac dans le Journal des Femmes du 4 janvier 1835 amène à s’interroger sur la part des femmes dans l’essor et dans la définition de la critique au XIXe siècle. Si l’on sait désormais combien la réception des œuvres de femmes se fonde sur le genre des autrices, plus que sur les qualités littéraires déployées, les études littéraires ont jusqu’à présent peu exploré les caractéristiques propres à la critique littéraire des écrivaines-journalistes. Les journées des 21 et 22 octobre 2022 soulèveront différents questionnements. Qui sont ces femmes critiques ? Où écrivent-elles ? Quelles postures critiques construisent-elles, quelles stratégies adoptent-elles ? Comment défendent-elles la légitimité de la pratique littéraire et critique des femmes ? La participation des femmes aux débats critiques du temps peut se lire sur d’autres supports que le journal : préfaces, œuvres littéraires elles-mêmes, journaux, correspondances… Ces autres espaces et modalités de la critique culturelle méritent également l’investigation. Enfin, au-delà de la critique des femmes, la critique de genre féminin doit être interrogée. Si les femmes ont pu pratiquer la critique sous un pseudonyme masculin, des critiques hommes, en effet, ont inversement écrit sous un pseudonyme féminin ou pratiqué une critique affichant des codes, des postures, un ethos féminins.