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Droit de vote en 1944, droit d’ouvrir d’un compte bancaire à son nom en 1965, loi sur l’égalité salariale en 2006… En France, les évolutions législatives et avancées pour les droits des femmes rythment le dernier siècle. Mais sont-elles pour autant devenues des sujets comme les autres, tout à fait maîtresses de leurs choix ? Ce processus pour devenir un sujet, c’est-à-dire développer sa prise sur le monde, est ce qu’on appelle la subjectivation. Or dans nos sociétés patriarcales, femmes et hommes ne deviennent pas des sujets de la même manière. Pour décortiquer la notion de subjectivation dans une perspective de genre, Laurène Daycard reçoit Estelle Ferrarese, professeure de philosophie morale et politique à l’Université de Picardie Jules Verne et directrice sortante de l’Institut du Genre.
Le féminicide n’a pas attendu d’être nommé pour exister. Dans la presse, les romans ou les tribunaux français, il a été longtemps été question de “crime passionnel” ou de meurtre “par amour”. Puis des mouvements féministes et des recherches parties de l’Amérique latine ont permis d’affiner la définition du féminicide pour comprendre ce crime dans sa dimension genrée : le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme. Comment identifier un féminicide ? Quelle est l’histoire de ce terme, comment s’est-il imposé dans le débat public et juridique ? Quelles sont les mécaniques du crime de féminicide ? Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit la chercheuse Margot Giacinti, docteure en science politique de l’ENS de Lyon, rattachée au laboratoire Triangle (UMR 5206).
Si le mouvement #MeToo nous a appris une chose, c’est que les rapports de pouvoir sont loin de s’arrêter aux portes de la chambre à coucher. Nos désirs les plus intimes sont pris dans des normes de genre et de sexualité, mais aussi dans des logiques capitalistes. Par exemple, la pornographie s’est construite comme un marché qui met en images nos fantasmes, qui rend excitants certains corps et certains gestes, en s’appuyant sur un regard masculin qui serait mû par une “pulsion”. Est-ce que la pornographie influence nos désirs, ou est-ce l’inverse ? Quelle est la différence entre désir et fantasme ? Comment opèrent les processus d’érotisation ? Que signifie être “pris·e” dans le fantasme d’un·e autre ? Désirer nous définit-il comme sujets ? Comment la naturalisation du désir justifie-t-elle des violences ? Dans ce nouvel épisode de Faire Genre, Laurène Daycard dresse un panorama de la sociologie du désir avec Mathieu Trachman, sociologue à l’INED et enseignant à l’EHESS. Dans son ouvrage Le travail pornographique. Enquête sur la production des fantasmes (éd. La Découverte, 2013), l’invité met en regard ses observations du fonctionnement de cette industrie avec les analyses féministes du male gaze, du fétichisme ou encore de l’échange économico-sexuel.
Dans les cours d’écoles, le plus souvent les garçons sont maîtres des terrains de sport tandis que les filles restent cantonnées aux jeux plus calmes, en périphérie. Et dans les cours d’EPS, c’est pareil : alors même que garçons et filles sont mélangé·es depuis des décennies, la mixité ne suffit toujours pas à transcender les différences genrées. Quand et comment la mixité s’est-elle mise en place à l’école en France ? Pourquoi les stéréotypes de genre persistent-ils, voire s’accentuent-ils dans les cours d’EPS, malgré la mixité ? Comment créer des environnements scolaires plus inclusifs et équitables ? Pour explorer ces enjeux, Laurène Daycard s’entretient avec Loïc Szerdahelyi, maître de conférences en STAPS à l’Université Claude Bernard Lyon 1, membre du conseil scientifique de l’Institut du Genre et auteur de la thèse « “Femmes d’action”. Parcours d’enseignantes d’EPS en France, des recrutements séparés à la mixité des concours (1941-1989) » (2014). Chercheur au laboratoire L-VIS, associé au laboratoire IREDU, Loïc Szerdahelyi retrace la construction de la mixité à l’école et souligne ses apports comme ses limites pour faire advenir une égalité réelle entre les élèves.
Si l’on se souvient des Lumières pour ses grandes avancées intellectuelles, le XVIIIe siècle revêt également une face plus sombre : un socle de la domination patriarcale. À cette époque, de nombreux textes philosophiques et scientifiques ont brandi la rationalité et l’objectivité pour justifier une infériorité supposée naturelle des femmes qu’elles porteraient dans leur corps : c’est ce qu’on appelle la naturalisation. Par quels arguments les discours scientifiques et médicaux des Lumières ont-ils légitimé les différences entre hommes et femmes et leur hiérarchisation ? Quelles traces de ce processus subsistent dans notre société actuelle ? Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit l’historienne et maîtresse de conférence Nahema Hanafi, membre du laboratoire TEMOS et du Conseil scientifique de l’Institut du Genre.
« Le plus souvent dans l’histoire, “anonyme” était une femme ». Ces mots de Virginia Woolf résument bien ce dont il est question dans cet épisode. Il aura fallu l’émergence d’une pensée critique féministe à partir des années 1970, doublé d’un changement de regard, de travaux de recherche et des initiatives par les commissaires d’exposition, les musées ou les activistes pour, à la fois, casser le mythe du « génie masculin » et réhabiliter la production artistique des femmes, de la préhistoire jusqu’à notre présent. Quelles sont les différences entre invisibilité, oubli et invisibilisation ? Quels ont été les phénomènes et processus à l’œuvre de la Renaissance à nos jours ? En quoi le XIXe siècle constitue-t-il l’apogée et un moment pivot en termes d’effacement des œuvres féminines ? Qu’est-ce qui permet de voir autrement et de faire surgir au regard des œuvres invisibilisées? Comment réintégrer le point de vue féminin dans l’écriture de l’histoire culturelle et faire passer les femmes de sujets à actrices sociales ? Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit Magali Nachtergael, professeure à l’Université Bordeaux Montaigne, responsable du parcours en études de genre et membre du Conseil scientifique de l’Institut du Genre.
Dans ce premier épisode, Laurène Daycard reçoit le sociologue Emmanuel Beaubatie, chargé de recherche au CNRS et lauréat du Prix de thèse de 2018 l’Institut du Genre, pour explorer la notion de binarité à l’aune des parcours des personnes trans’. Le féminin et le masculin sont-ils des territoires distincts séparés par une frontière ? Si l’on considère le genre comme un rapport social de pouvoir tout aussi puissant que la classe, le parcours des personnes trans’, d’une classe de dominées à une classe de dominants, ou inversement, ne pourrait-il pas être analysé en termes de transfuge de sexe ?
Dans ce deuxième épisode, Laurène Daycard reçoit Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne. L’attention à autrui est-elle une capacité typiquement féminine ? Valoriser les qualités de souci des autres et les activités de soin, est-ce vraiment féministe ? Pour la philosophe Sandra Laugier, l’éthique du « care », loin d’essentialiser une distinction femme/homme, permet au contraire de mettre en évidence les problèmes que doivent affronter les femmes en matière de sexisme et d’inégalités et finalement de revendiquer une autre forme de moralité.
Et si le féminin et le masculin étaient des idéaux inatteignables, des rôles que nous performons à chaque instant, sans jamais être totalement « homme » ou totalement « femme » ? C’est ce qu’explique la Professeure émérite de littérature française et d’études de genre, Anne-Emmanuelle Berger, dans ses travaux de recherche et dans ce nouvel entretien, en revenant sur les théories et questionnements au fondement de cette notion qui s’applique aussi bien aux actes qu’à la parole, à la vie de tous les jours qu’aux représentations.
Suffragettes, radicales, intersectionnelles, universalistes… Que signifie « être féministe » ? Y a-t-il une seule bonne façon de l’être aujourd’hui ? Et quelles sont les différences notables entre les générations de militantes ? Ces questions fréquentes impliquent de revenir sur la naissance de ce terme, sur l’histoire des luttes mais aussi sur la pluralité et la spécificité des mouvements féministes à travers le monde. L’historienne Florence Rochefort, chercheuse au CNRS et ancienne membre du conseil scientifique de l’Institut du Genre, nous accompagne dans ce voyage.
Quelle est la place du droit français dans la construction des rapports sociaux de sexe ? En quoi le concept de genre peut-il nous aider mettre en questions le principe d’égalité inscrit dans la constitution française ? Pour la chercheuse en droit Lisa Carayon, les normes juridiques actuelles supposent encore que les hommes et les femmes existent en couple et fassent famille ensemble. Pensé et construit à travers l’histoire par une majorité d’hommes blancs, cisgenres et hétérosexuels, le droit produit et hiérarchise des catégories d’individus et participe aux mécanismes de domination à l’œuvre. Ainsi, le droit n’enregistre pas une réalité qui serait naturellement hétérosexuelle, il la crée : il est donc au fondement de l’hétéronormativité. Lisa Carayon est maîtresse de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord.
Comment définir « le Patriarcat » ? Et comment s’y prendre pour déconstruire l’idée de « mythe patriarcal » encore souvent évoqué, et expliquer la persistance de ce système dans nos sociétés capitalistes où l’exploitation des femmes et des minorités demeure ? La chercheuse Salima Naït Ahmed, Docteure agrégée de philosophie et spécialiste de la Théorie critique allemande et de l’École de Francfort, revient sur cette problématique.
Dans cet épisode Laurène Daycard reçoit les enseignantes-chercheuses Francine Nyambek Mebenga et Fanny Gallot pour revenir en détail sur le concept d’intersectionnalité qui fait l’objet de nombreux malentendus et continue à générer le débat, parfois même des crispations, au sein des sphères universitaire, médiatique, politique ou militante. Francine Nyambek Mebenga est maîtresse de conférences en sciences de l’éducation, rattachée à l’INSPE. Fanny Gallot est historienne, maîtresse de conférences en histoire contemporaine et chercheuse française, lauréate du Prix de thèse de l’Institut du Genre en 2013.
Quels liens établir entre féminisme, genre et culture populaire ? En d’autres termes, combien sommes-nous à penser que regarder Les feux de l’amour ou lire Fifty Shades of Grey, a fortiori lorsqu’on est une femme, nuit à notre respectabilité, voire nous aliène ? En décryptant ce qu’elle nomme la « subculture féminine », la chercheuse Delphine Chedaleux nous offre des clés pour réfléchir à la fonction des produits culturels, plus complexes qu’il n’y paraît, pour interroger les normes de genre et penser les différentes modalités de l’émancipation. Delphine Chedaleux est historienne des médias, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Technologie de Compiègne et lauréate d’une bourse de mobilité de l’Institut du Genre.
Le Genre en ville est une émission en écoute à la demande (podcast) imaginée comme un espace de réflexion et de production de savoirs sur la question du genre en milieu urbain. Afin de favoriser les débats et le croisement des savoirs issus des travaux académiques comme des expériences des acteur·trices issu·es du monde professionnel militant ou associatif, la visée de cette émission est pédagogique. Elle a pour objectif de rendre accessible au plus grand nombre les questions qui parcourent les travaux sur le genre à l’articulation de celles qui touchent la ville. L’émission est produite par la revue Métropolitiques.
Nous tendons le micro à des chercheuses et des chercheurs en sciences humaines et sociales spécialistes des questions de genre, d’inégalités, et de discriminations. Podcast produit par le programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre (Presage) de SciencesPo.
« Du genre dans l’histoire » est un podcast produit par l’Association Mnémosyne. Cette dernière agit pour promouvoir la place des femmes dans la recherche historique et l’histoire des femmes et du genre comme objet de recherche historique. Elle s’intéresse également à la place des femmes et du genre dans l’histoire enseignée à l’école. Son objectif est d’informer, de former et de forger les outils facilitant la mixité des connaissances historiques transmises aux élèves et leur mise en œuvre par les enseignants dans leur cours. Accompagnée par Fanny Cohen-Moreau, nous tâcherons dans ce podcast de toucher un public élargi d’enseignant.es n’ayant pas accès aux stages de formation ou n’en voyant pas la nécessité.
Quelles sont les femmes oubliées dans les sciences de l’atmosphère ? Qu’est-ce que « l’effet Matilda » ? Dans quelle mesure l’accès au savoir des Africaines d’hier et d’aujourd’hui implique-t-il un engagement politique et social ? Connaissez-vous les femmes scientifiques du laboratoire de Marie Curie ? L’invisibilité historique des femmes savantes a-t-elle influencé notre perception actuelle ? Les SAVOIRS-ENS vous proposent 5 podcasts sur la place et la visibilité des femmes savantes dans l’histoire, sur les enjeux actuels liés à l’égalité d’accès des femmes aux savoirs et à la science, et sur les stéréotypes et les mythes qui peuvent parfois encore perdurer.
RESET Podcasts are designed for individuals who share the vision of inclusive and equitable spaces within these domains. Join us on a journey where we delve into the challenges, unveil inspiring stories, and explore strategies to cultivate environments that champion diversity and gender equality. Whether you’re a researcher, an academic, a dedicated student, or simply intrigued by the intersection of gender equality and scientific excellence, this podcast is tailored just for you. Join the conversation as we embark on a mission to reshape the narrative and create positive change in academia. Together, we RESET the standards and inspire a future where gender equality thrives.