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Un « privilège de la perspective partielle » ? Épistémologies féministes et « études aréales »

juin 2025
Appels à contribution

Appel à communication dans le cadre d’une journée d’étude organisée à l’EHESS (Aubervilliers) le 10 octobre 2025. Date limite de l’envoi des propositions : 30 juin 2025.

L’essai de Donna Haraway sur « la question de la science dans le féminisme » a fait date à sa sortie en 1988 en essayant de déloger le regard patriarcal qui se prétendait désincarné et omniscient, un « God’s trick », placé au-dessus des contingences et pouvant voir à travers les matérialités. Le texte proposait de substituer à ce paradigme « militariste, capitaliste, colonialiste, de la suprématie masculine », non pas un envers relativiste représenté par diverses théories du discours (Lacan, Derrida, etc.), mais une « objectivité féministe », un point de vue ancré, partiel et partial parce que nécessairement incarné, celui des « savoirs » non pas prétendument universels ou relativistes, mais « situés ». De tels savoirs seraient révolutionnaires puisqu’ils pourraient remettre en question l’hégémonie longtemps incontestable du savoir masculin.


Exemple-type de travelling concept, d’une notion qui peut laisser son corps, son âme ou les deux derrière soi sans se dissoudre entièrement lorsque d’autres disciplines, temporalités, géographies, et enjeux de pouvoir s’en saisissent, le terme « savoirs situés » a rencontré un franc succès dans les contextes marqués par le féminisme. Dans cette journée d’études, nous tenterons d’explorer ses nombreuses et diverses « zones de contact » avec d’autres mondes scientifiques, intéressés ou non par le féminisme, qui se confrontent eux aussi aux défis épistémiques de la production des « savoirs situés ».


Près de quarante ans après la parution des Savoirs situés, quel est le rapport, s’il en est, du « privilège de la perspective partielle » et des perspectives des études dites « aréales » ? Les questionnements féministes au cœur de la formulation du concept, s’oblitèrent-ils au sein d’une catégorisation spatiale supposément neutre ? Ou, au contraire les questions de la finitude, de la corporalité, de la différence située, et de l’inégalité y trouvent-elles une place ? Qu’en pensent les chercheuses et les chercheurs de la « périphérie » géographique, sexuelle ou genrée ?


Les propositions de contribution sont à envoyer sous forme d’un résumé de 500 mots maximum, accompagné d’une courte biographie. Les propositions doivent être envoyées aux trois organisatrices avant le 30 juin 2025 :

Dimitra Douskos : dimitra.douskos@wanadoo.fr

Lucie Drechselová : lucie.drechselova@ehess.fr

Camila Pastor : camila.pastor@cide.edu