Se distinguer des femmes. Sociologie des hommes en formations “féminines” de l’enseignement supérieur.
Comment des hommes choisissent-ils de s’orienter vers des filières du supérieur dites « féminines » ? Quelles socialisations et quelles normes de genre se déploient une fois en formation ? Ce livre propose une plongée dans ces trajectoires étudiantes atypiques à partir d’une enquête approfondie menée en études de sage-femme et d’assistance de service social. Faisant dialoguer la sociologie de l’éducation, du genre et de la socialisation, il met en évidence le poids des contextes (institutionnels, relationnels et économiques) dans l’orientation de ces hommes, la façon dont ils sont socialisés à « jongler » avec des pratiques genrées plurielles et les inégalités de genre qui sont (re)produites pendant les études. Il montre que dans l’ensemble, les rares hommes se distinguent des nombreuses femmes : ils sont très visibles dans les promotions, entretiennent leurs différences et peuvent conforter leurs privilèges genrés. Mais cette distinction doit s’opérer avec nuances. Dans un contexte marqué par une forte norme d’égalité des sexes, on attend d’eux d’ajuster leurs pratiques selon les situations. La maîtrise de cette souplesse de genre procure de nombreux bénéfices, mais dont tous les hommes ne savent pas autant tirer profit. Le livre éclaire ainsi les fonctionnements de l’ordre du genre : la hiérarchie entre les sexes, mais aussi celle qui ordonne les hommes entre eux dans un contexte de valorisation de la mixité et de l’égalité.
Ce livre est issu d’une thèse en sociologie lauréate du prix de doctorat du 28e prix de l’Observatoire national de la vie étudiante. Il s’adresse aux chercheur·es et étudiant·es en sciences sociales, aux membres des professions de la santé et du social, et à toute personne intéressée par les questions de genre et d’éducation. Alice Olivier est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Lille, au sein du CLERSÉ (UMR 8019) et de l’INSPÉ de l’Académie de Lille – Hauts-de-France. Elle est aussi chercheuse associée à Sciences Po (CRIS).