À partir du modèle de référence fourni par le Cénacle romantique, l’histoire littéraire des deux derniers siècles s’est beaucoup écrite avec la description de groupes, ceux-ci étant observés dans leurs contours mouvants, leur cohésion instable, leurs dissensions voire exclusions. Ces groupes sont généralement de jeunes hommes. La place des femmes y apparaît toujours problématique : ou marginale, ou contestée, ou acceptée sous condition. Les femmes créatrices, cependant, n’ont pas œuvré seules mais dans des configurations d’échanges qui, pour n’être pas souvent reconnues comme groupes, en présentent des aspects. Des réseaux de sociabilités féminines sont repérables, des revendications de sororité sont audibles, des filiations sont postulées. Si ces phénomènes ne sont guère évoqués en termes de « groupes », de « mouvements » ou d’« écoles », ils n’en demeurent pas moins constitutifs d’une cartographie socio-littéraire et créative susceptible d’être tracée. C’est dans cette perspective que la journée d’étude entend se pencher, en s’arrêtant sur plusieurs exemples, sur les relations que les femmes créatrices littéraires ont entretenues avec les groupes. Il s’agira d’apprécier leur aptitude, malgré un contexte très contraignant, à créer des groupes, à en former entre elles, ou encore à s’insérer dans des groupes d’abord animés par des hommes. La journée d’étude contribuera ainsi à une historicisation du phénomène de groupe en littérature dans la perspective des études de genre.