Rose is…
À l’occasion de la sortie de son livre Rose. Une couleur aux prises avec le genre aux éditions Amsterdam, l’Humathèque a proposé à Kévin Bideaux d’imaginer une exposition qui donne à voir le rose tel qu’il est. Du 1 février 2024 au 29 février 2024 à l’Humathèque (Campus Condorcet, Aubervilliers).
« Rose is a rose is a rose is a rose ». À la manière d’un mantra, cette citation de Gertrude Stein invite à considérer la rose pour ce qu’elle est, tout en évoquant un imaginaire associé à cette même rose. Glissant de la fleur à la couleur, Rose is… donne à voir le rose tel qu’il est, dans ses différentes nuances, tout en offrant une exploration approfondie de la densité matérielle et symbolique qui le compose. Des emplois du rose dans le marketing, ciblant les filles et les femmes avec une panoplie de jouets ou de rasoirs roses prétendument conçus pour elles, aux nuances plus pâles associées à la douceur et au mignon, plusieurs artistes proposent leur vision de la « couleur des filles », si peu valorisée dans nos sociétés. Accompagné d’extraits de films, de dessins animés et de jeux vidéo, cet ensemble d’images – analogiques, numériques, poétiques ou archivistiques – révèle les strates qui structurent l’histoire du rose, mettant en lumière ses significations complexes et parfois ambiguës. Mais c’est peut-être dans ses nuances plus vives que le rose saisit davantage le regard, bravant les tabous et faisant tomber les frontières morales entre érotisme et pornographie. Des roses des corps à ceux des accessoires qui les parent, l’exposition s’aventure dans les creux de la sexualité pour révéler les dynamiques de pouvoir qui contraignent et censurent certains corps. C’est alors sur les corps queers et des freaks que se pose le rose, ceux de dissident·e·s autrefois opprimé·e·s et qui le sont encore aujourd’hui, mais surtout sur les corps de demain, ceux des êtres hybrides, mutant·e·s voire non-humain·e·s qui auront su faire du rose l’emblème de leur émancipation.
Kévin Bidaut était lauréat du Prix de Thèse 2022 de l’Institut du Genre.