Migrations queers en arts et littératures. Communautés, espaces sensibles et reconfigurations esthétiques
Appel à communication pour le Congrès de l’Association canadienne de littérature comparée,
Université McGill, Montréal, Du au
Proposition de 250 mots (max) à envoyer avant le 15 janvier 2026.
Ce panel propose d’examiner les représentations littéraires et artistiques des expériences migratoires queers afin d’interroger dans quelle mesure et selon quelles modalités les expériences migratoires queers, telles qu’elles sont représentées en arts et littératures, peuvent contribuer à renouveler la compréhension des formes contemporaines de communautés et de création d’espaces sûrs ou courageux (safe spaces et brave spaces). L’objectif est ici d’examiner dans une perspective intersectionnelle comment les enjeux liés à la migration et ceux liés aux vécus queers peuvent, selon les contextes, se décaler, se renforcer, ou entrer en tension, et d’explorer ce que ces relations produisent sur le plan esthétique et narratif.
Les perspectives comparatistes pourront mettre en lumière comment les productions littéraires et artistiques participent à redéfinir, déplacer ou contester les catégories classiques de migration, mais aussi d’exil ou de diaspora. Quelles limites théoriques (ancrage national, hiérarchies implicites, cadres historiographiques hétérocentrés) ces œuvres permettent-elles de révéler, voire de déstabiliser ? En effet, les pratiques queers détournent ces termes en élaborant des temporalités non-linéaires (transtemporalités, archives affectives, réécritures marginales de l’histoire), des spatialités dissonantes (désorientation, tiers-lieux, mouvements entre centres et périphéries), ainsi que des modes d’énonciation hybrides (écritures multilingues, dispositifs multimédiaux, narrations fragmentaires). Que produisent ces stratégies formelles sur la manière de conceptualiser l’expérience migratoire elle-même ?
Ces esthétiques permettent de concevoir la communauté comme un processus relationnel et situationnel : formes précaires d’appartenance, coalitions temporaires, micro-communautés artistiques ou numériques, réseaux transnationaux qui se constituent moins autour d’une identité que d’une circulation d’affects, de références et de pratiques. Les notions de safe spaces et de brave spaces, souvent pensées dans des cadres militants, se trouvent transformées dans les œuvres en un champ d’expérimentation esthétique où se fabriquent des lieux d’énonciation minoritaires, des configurations sensibles de résistance et des scènes narratives où la conflictualité elle-même devient ressource. Quelles limites ou tensions ces espaces révèlent-ils dans les récits ?
Ce panel invite des contributions portant sur les corpus littéraires et artistiques qui explorent ces reconfigurations. L’objectif sera d’interroger, dans une perspective comparée, comment et dans quelle mesure les migrations queers ouvrent des modèles alternatifs de communauté, de solidarité et de subjectivation susceptibles de renouveler les cadres théoriques des études comparatistes contemporaines.