L’esclavage est un phénomène à la fois mondial et genré. Pourtant, la centralité du genre dans cette forme extrême de domination et d’exploitation n’a pas encore été pleinement reconnue. Aussi ce numéro réunit-il des spécialistes de plusieurs disciplines (histoire essentiellement, mais aussi anthropologie et droit) travaillant sur l’esclavage sur tous les continents depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il invite à mieux tenir compte du genre dans nos efforts pour définir et caractériser l’esclavage sous ses divers avatars et pour comparer le fonctionnement des sociétés pratiquant l’esclavage dans le temps et l’espace. S’il poursuit l’enquête déjà entreprise sur les expériences des femmes esclaves et suggère d’étudier à nouveaux frais celles des hommes au regard de leur identité de genre, il appelle également à se confronter plus largement à la question des relations entre genre et esclavage. Comment le genre permet-il de mieux distinguer l’esclavage d’autres types de servitude et de dépendance ? Comment les idéologies soutenant le genre et l’esclavage se confortent ou se contredisent-elles ? Qu’est-ce que l’esclavage fait aux normes et rapports de genre des libres comme des esclaves ? Les contributions à ce numéro répondent à ces interrogations en abordant tour à tour la capacité d’action des femmes esclaves, les violences sexuelles à leur encontre et leur exploitation reproductive, la maternité ou encore la reproduction sociale de l’esclavage.