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La colonialité du genre : perspectives juridiques

juin 2025
Appels à contribution

Appel à contributions pour le n°6 d’Intersections. Revue semestrielle Genre et Droit. Date limite de l’envoi des propositions : 10 juin 2025.

Colonialité du genre, juridicité du projet colonial : Intersections. Revue semestrielle genre et droit invite, pour son troisième numéro thématique, à la soumission d’articles originaux s’attachant à analyser soit les effets de genre produits par le droit en contexte colonial, soit leur résonance dans le droit contemporain — que le droit soit ici appréhendé comme instrument de pouvoir ou de savoir. Les réponses au présent appel à contributions pourront prendre la forme d’études portant soit sur les régimes juridiques coloniaux (quels qu’ils soient, sans exclusive, notamment vis-à-vis de contextes analysés comme postcoloniaux), soit sur les sciences juridiques comme savoirs (post)coloniaux.


Pour ce qui est des régimes juridiques (post)coloniaux, les propositions pourront porter sur les différentes facettes de la consubstantialité du droit à l’entreprise coloniale et à l’ordre du genre qui y est associé. Elles pourront ainsi, par exemple, revenir sur la manière dont c’est en situation coloniale que nombre de catégories ou mécanismes juridiques encore aujourd’hui proéminents ont été forgés — comme, assurément, en droit de la nationalité et de la citoyenneté qui s’articulent largement autour de la catégorie juridique de l’« indigène », mais aussi en droit administratif, en droit du travail, en droit de la famille, du point de vue du régime des cultes ou de l’école etc. — à condition que le travail proposé mette en avant la façon dont ces catégories s’appuient, renforcent ou modèlent un ordre genré. à la même condition de centralité du genre dans l’analyse, les contributions pourront se focaliser sur certain·es actrices et acteurs juridiques et institutionnels, disparus ou non, qui ont joué un rôle considérable tant dans le projet colonial que dans sa juridicisation — en dépit de l’« oubli de l’empire » par la pensée juridique française. Une attention pourra également être portée non pas aux catégories et institutions, mais aux effets du droit en situation coloniale : on pourra s’intéresser à la violence ou aux injustices, discriminations et inégalités de genre produites, aggravées et/ou légitimées par le droit.


Dans une perspective plus méta-analytique, les propositions pourront également s’intéresser davantage au droit comme savoir que comme pratique institutionnelle, administrative et normative — que ce soit dans une perspective historique ou épistémologique. Nous accueillerons ainsi des propositions visant à faire un retour analytique sur la mise en science du droit colonial et postcolonial — que ce soit au travers des nombreux Traités de législation coloniale qui accompagnèrent les régimes coloniaux, ou au travers de l’étude des savoirs constitutionnels, administratifs, notamment bureaucratiques, ou judiciaires voire des discours politiques (notamment, articulés à l’idée républicaine) qui en constituèrent la face empirique concrète — là encore, dès lors qu’ils seront analysés du point de vue du genre. Mais nous considérerons tout autant des contributions s’attachant à la réflexion épistémologique sur ce que le post-colonial fait aux catégories fondamentales de la pensée – et, notamment à la pensée juridique. En ce sens, une attention pourra être portée aux « épistémologies du Sud », tant dans le champ du droit international (autour et dans le sillage des TWAIL) que dans d’autres branches du droit.


Enfin, Intersections accueillera les propositions qui viseront à éclairer d’un jour nouveau par le prisme de la colonialité du genre les résonances contemporaines dans une multiplicité de branches du droit – droit de la nationalité et de la citoyenneté, droit de la famille, statut personnel, droit administratif, droit des institutions politiques et juridictionnelles, droit pénal, régulation du fait religieux, droit économique et du commerce international, droit international ou droit des étrangers et des migrations, droit de la sécurité publique et des régimes d’exception… Les normes de masculinité et de féminité qui s’y logent, de même que la contribution de ces branches du droit à la production d’une altérisation entre cultures arriérées sexistes et civilité du modèle occidental voire à l’instrumentalisation du féminisme au service de projets racialistes ou encore le rôle du droit au service du capitalisme racial qui sous-tend le projet colonial constituent autant de thèmes possibles.


Les propositions de contribution, sous la forme de résumés de 500 mots environ, doivent parvenir avant le 10 juin 2025. Elles doivent être déposées, en format .doc ou .odt via la plate-forme de la revue. Nous vous remercions par avance de rédiger votre proposition de manière anonyme, votre identité ne devant notamment pas transparaître des références bibliographiques ou de l’identification trop spécifique de votre terrain (ex. redonner la référence complète de vos propres travaux si vous souhaitez les citer et ne pas écrire « notre publication… »). Afin de faciliter notre procédure d’évaluation, merci, au stade de l’abstract, d’indiquer vos références bibliographiques dans le corps du texte (ex. Foucault, 1974) et non en notes de bas de page et d’accompagner votre proposition d’une bibliographie. Les propositions seront évaluées de façon anonyme par le comité de rédaction et une réponse vous sera apportée fin juin 2025 pour une date de remise des contributions début juin 2026. Les articles soumis feront l’objet d’une évaluation par les pair·e·s en double aveugle et pourront donner lieu à des demandes de modification avant leur éventuelle publication.