À l’origine d’un mouvement d’émancipation des femmes dans l’art au XVIIIe siècle, cette génération combative de femmes peintres, consciente des limitations imposées à son sexe, adopte des stratégies inédites pour intégrer l’Académie royale, acquérir légitimité artistique et souveraineté dans les actes de la vie sociale. Elles créent des écoles, exposent dans les Salons qui fleurissent à Paris. La cristallisation de cette dynamique dans l’autoportrait constitue la part la plus originale de leur contribution à la Révolution française et à l’histoire de l’art du XVIIIe siècle. Une nouvelle image fort différente de la femme-nature mise à la mode par Boucher, des libertines de Fragonard ou des mères éplorées peintes par David à côté des valeureux héros républicains. Lorsque la Révolution se déclenche, ce mouvement d’émancipation est vite brisé : suppression et censure s’exerceront contre leur statut professionnel. Rigoureusement exclues des institutions républicaines mises en place par le nouveau régime des arts, elles seront renvoyées à un genre féminin étroit, sentimental et maternel qui finira par leur couper les ailes.
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Gloire – éviction des femmes peintres 1770-1804
Marie-Jo Bonnet, Chryséis Éditions, 2024.