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Écoféminismes. Au cœur de l’Anthropocène

Nathalie Grandjean (dir.), Editions de l’Université de Bruxelles, 2025.

Est-il encore possible de ne se penser et de ne se représenter qu’à travers la catégorie d’anthropos, d’humain universel ? Cette catégorie est-elle toujours appropriée face au dérèglement climatique ? Les écoféministes ont contesté le caractère anthropocentré de l’Anthropocène : qualifier l’homme de force géologique, c’est masquer le fait que tous les humains ne partagent pas la même responsabilité dans le processus. Tout se passe comme si l’homme allait continuer à être seul maître à bord et que rien ne pouvait être attendu du reste du monde vivant. L’Anthropocène semble reconduire les métaphysiques naturalistes organisées dans la binarité nature-culture, en proposant l’idée selon laquelle l’humanité se trouve à nouveau face à la nature et resterait indispensable à la sauvegarde de celle-ci. Ce numéro soutient qu’une sortie de cette aporie pourrait s’effectuer à partir d’un positionnement écoféministe. Si l’Anthropocène est tant Capitalocène, Eurocène que Plantationocène, il peut aussi certainement être « Androcène ». Les écoféministes, éprouvant le caractère artefactuel de la catégorie « femme », ont engagé une réflexion critique sur « l’homme » comme masculin universel et une théorisation des subjectivités à partir des corps. Leur positionnement épistémologique leur confère dès lors un privilège pour penser les conditions de possibilité de sortie du bouclage ainsi que les nouvelles subjectivités à l’œuvre dans un redéploiement des relations nature-culture.