(Dé)faire les catégories : Quand elles ne (nous) tiennent plus en place : sexe, genre et sexualité
Appel à contributions pour un colloque organisé à la MSH Paris Nord les 8, 9 et 10 octobre 2024. Date limite de l’envoi des propositions : 1er décembre 2023.
Ce colloque envisage les catégories hégémoniques comme autant de tentatives de produire, naturaliser et légitimer un rapport de pouvoir, un ordre social hiérarchisé notamment, mais pas uniquement, en termes de classe, de race, de genre et de sexualité (Scott 1986; Vicente 2021). Il nous semble cependant que ce travail d’assignation et de maintien de l’ordre ne peut pas s’opérer sans échecs, ni sans produire ses propres marges (Kosofsky Sedgwick 1990; Lemebel 1996; Bento 2006; Cabral 2011; Espinosa Miñoso 2016). Il apparaît alors évident que certains corps, certaines subjectivités ou certains mouvements sociaux ne tiennent pas en place, refusent de rester à leur place, s’organisent pour se faire une place, ou plus radicalement encore, pour renverser l’ordre en place.
Dans le cadre de ce colloque, nous nous pencherons sur les actualités vivantes, polémiques et en mutation des catégories de sexe, de genre et de sexualité dans leur articulation avec les rapports de race et de classe. Dans le prolongement de travaux portant sur les épistémologies critiques des mouvements et pensées féministes, queer et décoloniaux (Bakshi, Jivraj, et Posocco 2016), nous chercherons à penser à partir des crises contemporaines qui traversent ces catégories, les déplacent, voire les font éclater. L’objectif de ces journées est d’appréhender de manière critique des catégories dont l’institutionnalisation au sein des champs académiques français est encore récente, fragile, voire contestée. Compte tenu du fait que les processus de racialisation et de colonialité traversent et structurent ces catégories (Anzaldúa et Moraga 1981; Mama 1995; Mohanty 2003), le comité scientifique sera donc particulièrement sensible aux propositions qui articulent la catégorie de race aux trois autres – sexe, genre, sexualité – et font appel aux approches critiques décoloniales et postcoloniales.
L’enjeu du colloque est ainsi pour nous de penser avec et contre les catégories de sexe, de genre et de sexualité. On cherchera à questionner leur efficacité critique, tout comme les processus de stabilisation normatifs liés à leur inscription dans les champs de savoirs académiques existants. Quels sont alors les risques et les potentiels liés au « devenir catégorie » des outils conceptuels des pensées critiques ? On se demandera notamment comment ces catégories ont été fabriquées et comment elles fonctionnent – aussi bien historiquement (D’Emilio 1983; Laqueur 1992; Chauncey 1994) que dans des champs d’études contemporains (Suess 2014; Oso, Grosfoguel, et Christou 2018). Comment est-ce que ces catégories nous font et nous défont, en tant que corps, individus, entités (Butler 2004) ? Quelles sont les logiques historiques et politiques de leurs transformations et de leurs mises en action en matière de revendication, de réappropriation, de résistance ? Quelles nouvelles perspectives font-elles émerger dans les savoirs et quelles sont leurs limites constitutives ?
Ce colloque se veut résolument inter et trans-disciplinaire (au sein des sciences humaines et sociales principalement), et souhaite faire émerger des dialogues stimulants entre des champs disciplinaires (linguistique, philosophie, sociologie, histoire, psychanalyse…) et des épistémologies différentes (théories féministes et queer, études décoloniales, marxisme…).
Les propositions de communication peuvent être soumises en français, anglais ou espagnol. Elles seront de 5000 signes maximum espaces non comprises et bibliographie incluse. En début de document devront être inscrits : le titre, l’axe choisi, ainsi que 3 mots clés. Nous sollicitons des contributions aussi bien théoriques qu’empiriques, issues de toutes disciplines des sciences humaines et sociales. Nous accueillons très volontiers les contributions de masterant·es, doctorant·es, jeunes docteur·es et chercheur·ses indépendant·es. La proposition devra exposer clairement le sujet, le cadre d’analyse, la problématique et les éventuelles hypothèses de travail, le(s) terrain(s) et/ou corpus, la méthode d’enquête et les résultats de recherche. Sur un document à part, l’auteurice inscrira ses coordonnées complètes ainsi qu’un paragraphe biographique. Les propositions de communication sont à déposer en un seul fichier PDF à l’adresse mail suivante : defairelescategories@gmail.com.