Le refus de la violence. Vies de femmes, entre l’Algérie et la France
Thèse de doctorat en Anthropologie sociale et ethnologie
- EHESS
Résumé
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Dans l'après, la puissance contenue dans ce refus initial a alors pu être libérée, créant un
nouveau possible : énoncer une multitude d'autres refus, ce qui ne peut se comprendre qu'au regard
des épreuves auxquelles elles ont été confrontées. Exposées aux stigmates de la rupture, elles ont
été contraintes à vivre une autre forme d'isolement et d'exclusion. Capté par les institutions
auxquelles elles demandaient protection, le sens de leur fuite a été inséré dans la catégorie
préexistante des victimes d'un ordre sexué rétrograde. Ces mécanismes ont invisibilisé la part du
politique contenue dans le refus. De plus, elles ont été reléguées dans la sphère de la domesticité. La
reconfiguration de leur vie s'est ainsi retrouvée piégée, en Algérie comme en France, par le
redéploiement des assignations. Refuser de se marier pour obtenir des papiers ou de faire des
ménages pour survivre sont autant de refus qui ont pris forme et sens dans ce jeu de distance
qu'elles ont instauré avec le reste des sociétés les marginalisant. S'est alors opéré un déplacement
dans la perception et la qualification d'elles-mêmes comme sujets. Objets de volontés masculines
d'appropriation, elles sont devenues sujets de désirs et de projections dans l'avenir.
S'attachant à rendre compte de ces vies irrémédiablement transformées par le refus de
l'autorité et de la brutalité masculines, ma thèse a ainsi proposé une exploration de la mémoire de
corps qui portent en eux le résidu des assignations de l'ordre sexué